Accompagner les agriculteurs dans la méthanisation
La production de biogaz est un métier complètement nouveau et complexe pour une coop ou un négoce qui souhaite s’y intéresser. Elle nécessite un investissement en temps et en acquisition de compétences très important. Les agriculteurs sont demandeurs et apprécient cette implication de leur distributeur.
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Il y a plusieurs façons pour une coopérative ou un négociant de s’impliquer dans la production de biogaz. Il est possible d’apporter des informations techniques, financières et administratives aux agriculteurs ainsi qu’en les aidant à boucler ces différents dossiers, comme le fait Unéal dans les Hauts-de-France. Il est aussi possible de regrouper les agriculteurs qui veulent investir autour d’un projet, en chapeautant le dossier et en le gérant au quotidien, comme l’Ucac dans l’Oise ou Cérèsia en Champagne-Ardenne et Hauts-de-France.
1Cerner les besoins des agriculteurs
L’essentiel est de bien cerner les besoins des agriculteurs localement, pour répondre à leurs attentes. Les projets peuvent être individuels ou collectifs, et adossés à des élevages ou à des productions végétales avec des Cive, cultures intermédiaires à vocation énergétique, ou des cultures dédiées. Ils peuvent aussi incorporer des déchets fournis par les collectivités territoriales ou des industries agroalimentaires. Le gaz produit peut être transformé en électricité et chaleur par cogénération, ou injecté sous forme de biogaz dans le réseau local.
2Choisir le mode de fonctionnement
La réponse à toutes ces questions permet d’identifier le choix du type d’installations. « Nous avons opté pour la microméthanisation car nous voulions répondre aux besoins des éleveurs laitiers, avec des installations autonomes, pour un investissement à l’échelle de l’exploitation », explique Guy Lemoine, directeur développement durable et RSE chez Unéal. Cela n’empêche pas la coop d’être en veille sur la méthanisation collective, qui pourrait correspondre au souhait d’investir d’autres adhérents. Ovalie Innovation, filiale R&D de Maïsadour et Vivadour, a aussi fait le choix de la microméthanisation en mettant au point, avec des partenaires, le système modulaire à la ferme Mcube, actuellement testé chez des gaveurs de canards gras. L’Ucac ou Cérèsia ont quant à eux répondu aux attentes d’agriculteurs prêts à investir dans de gros projets, donc collectifs. Les deux coopératives participent financièrement à ces projets.
3Spécialiser une équipe ou créer une filiale
La production de biogaz est un métier complètement nouveau et complexe pour une coop ou un négociant en céréales. Elle nécessite un investissement en temps et en acquisition de compétences très important. Cette mission est souvent confiée à un cadre ou à une équipe motivée par le projet. Chez Unéal, c’est Hubert Boidin qui a pris ce dossier en main. « Depuis que nous nous sommes lancés dans cette activité en 2016, treize microméthaniseurs d’une puissance de 33 et 44 kW ont été installés et quinze nouveaux vont voir le jour d’ici au premier semestre 2021, précise-t-il. Cette activité m’occupe tout au long de l’année, environ 25 % de mon temps. » D’autres structures optent pour la création d’une entité dédiée. L’Ucac, par exemple, s’est dotée d’une filiale prestataire de services en méthanisation, AC’Energy Green (lire ci-contre). De même, Cérèsia a créé Méthalyance, filiale qui suit les projets collectifs et entre au capital de chacun d’entre eux, à hauteur de 30 à 49 %.
4S’entourer d’experts
« La méthanisation est une activité très technique, il est essentiel de s’entourer d’experts pour recroiser les données, estime Stéphane Gillet, d’AC’Energy Green. À l’Ucac, nous avons embauché un ingénieur spécialisé dans le domaine. Nous nous appuyons aussi sur un expert pour l’assistance maîtrise d’ouvrage et deux experts pour la gestion du courtage déchet et l’implantation territoriale. » Unéal travaille en partenariat avec le spécialiste belge du biogaz, Biolectric. Pour les demandes d’autorisation et de subventions, il est aussi important de se rapprocher des administrations, notamment de l’Ademe. Des Régions apportent aussi un appui technique et une aide financière aux projets. Certaines disposent même de filières régionales structurées, comme le Plan biogaz Bretagne Pays de Loire.
5Communiquer
La méthanisation, surtout dans les secteurs très urbanisés, ne bénéficie pas forcément d’une bonne image. C’est pourquoi il est important de communiquer sur les bénéfices que les unités implantées apportent à la société, en recyclant des déchets de collectivité ou des effluents d’élevage et en produisant de l’énergie renouvelable et des digestats qui retournent aux champs. « Les adhérents sont contents d’apporter une réponse à la société, ajoute Guy Lemoine. Ils se trouvent ainsi valorisés. Et sur le plan économique, ils sont aussi satisfaits de constater qu’avec un investissement de 260 000 à 330 000 €, leur unité de méthanisation leur fournit une marge après amortissement de 25 000 à 35 000 € par an, tout en assurant la couverture des besoins en eau chaude et en chaleur de l’exploitation et de leur habitation. »
Blandine Cailliez
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